MUTATION

Eh , toi , oui t u es là, coucou... 

 

Tu connais Gilbert ? Giilbert Leboeuf ? un gars de , environ, 53 ans, à peu près ? ouvrier à l'usine de Surimis à Saint Raymond, c'est dans  l'agro-alimentaire, je crois,   Non ? 

 

Et Ines, Dolres  ou Dorsel ? mais si , elle , la toute menue la, l' infographiste , elle a 2 enfants, elle travaille à domicile ?

 

Suzy alors ? la serveuse du PMU ? une belle plante, courageuse, une vraie nature ?

 

Non la tu es de mauvaise fois, tu le fais exprès ou quoi ?

 

Elle s'est fait  cliquer par Hervé et son regard en biais,  son « Bonjour Mademoiselle », en prime le plan salon de thé et tarte à la framboise !

 

Et Céline, sécrétaire médicale, elle habite juste au coin ; elle, elle connait toutes les mycoses du voisinage !

 

Victor ? remarque il  sort plus d'chez lui ,  une tête d'écran plat, complètement accro à la manette..

 

Et bien  eux, tu sais,  malgrés qu'ils en aient pas l'air, ils ont décidé de changer, là, tout de suite, maintenant ; la cocotte implose,  trop de rêves délavés, de convictions piétinées ,de oui à la place de non qui subrepticement deviennent des « bof, j'sais pas » ! Un blindage d'acier, monté de toute pièce , à couper au couteau ! 

 

 

Au début , c'est la nuit, tu entends les bruits de la ville, les avions, les voitures, les insectes, la musique. Quand tu les vois, ils sont chez eux , derrière une vitre, dans la tourmente, plein de tics encore, et se disent « ça doit se passer dehors avec les gens ! » ; tant bien, que mal, ils se rassemblent ; un choeur chaotique, maladroit, qui se formate petit à petit ;  ils font des rencontres et chacun croise un individu capable de les aider à se déboutonner, déclipser, défaire, à arracher, peler, manger toutes ces vieilles maladies, croûtes, irritations, démangeaisons, plaies, toutes ces vieilles peaux qui forment leur blindage. Rencontres passionnées, hasardeuses, impromptues, à deux ils montent sur les toits pour mieux se faire entendre. 

 

Ils se « dépotent » ensemble, dans une danse acharnée amusée, de dé-composition de matières, de corps à corps ; chaque peaux et plaies dégoulinent et laissent des traces, de couleur. On dirait un tableau , de corps, impressionniste.

 

 

Ils jettent leurs vieilles peaux dans la zone de rebut ou en font un gâteau.

 

Pages blanches, prêts à inventer, ils se libèrent en créant des formes immenses et majestueuses, images poétiques de leurs rêves en devenir.

 

Rêves qui bouleversent les codes entre les hommes et les femmes et qui prônent le GENRE ; rêves qui déstabilisent la production et s'amusent des hiérarchies ; rêves qui transforment l'émotion en carburant éco-durable ;  qui matérialise le  citoyen au centre de routes virtuelles , routes virtuelles dans les interstices desquelles se cachent  les rebelles ... rêves d'un genre à renouer avec l'humain.

 

Cette métamorphose est contagieuse, elle contamine les autres dans la ville . Toute la zone devient une œuvre qui s'attache à la ville.

 

 

 

MUTATION est un cocon dans la ville, ou se tissent des êtres dont l'essence est la fête de vivre.